Le roseau est un matériau de construction ancestral dont les qualités thermiques et mécaniques méritent une attention renouvelée dans le cadre des approches écoresponsables. Issu majoritairement des zones humides tempérées, il est récolté en tiges longues et creuses offrant une densité faible (environ 150–250 kg/m³), un excellent compromis entre légèreté et résistance. Sa structure cellulaire naturellement alvéolaire crée un système de capillaires et de vides qui limitent la transmission de la chaleur tout en minimisant la propagation des ondes sonores.
Sur le plan thermique, le roseau présente une conductivité comprise entre 0,040 et 0,060 W/m·K, soit des performances comparables à la laine de verre ou la laine de bois. Cette valeur basse est liée à l’air emprisonné dans la paroi cellulosique épaisse et à la géométrie tubulaire des tiges. Lorsqu’il est mis en œuvre sous forme de bottes ou de panneaux, il offre une résistance thermique (R) de l’ordre de 1,0 à 3,0 m²·K/W pour une épaisseur de 5 à 20 cm, suffisamment performante pour répondre aux exigences de la Réglementation Thermique actuelle. De plus, le roseau régule naturellement l’humidité relative intérieure grâce à sa capacité d’adsorption de 8 à 12 % de son poids en eau sans altération de ses propriétés isolantes, contribuant ainsi à un climat intérieur plus sain et moins sujet à la condensation.
D’un point de vue mécanique, la flexion et la compression axiale sont deux aspects cruciaux. En compression parallèle aux fibres, le module d’élasticité du roseau se situe aux alentours de 1 400 à 2 000 MPa, tandis qu’en flexion il atteint en moyenne 35 MPa avant rupture. Ces valeurs, inférieures à celles du bois massif (module d’élasticité 10 000 MPa), restent suffisantes pour des applications non porteuses comme remplissage de poteaux-poutres, faux-plafonds ou éléments de cloison. La résistance au cisaillement longitudinal est quant à elle modérée (environ 5 MPa), ce qui implique un soin particulier lors de la conception des fixations et des assemblages pour éviter tout glissement des bottes ou panneaux. La légèreté du matériau facilite sa mise en œuvre manuelle, réduit les charges sur la structure porteuse et diminue l’énergie grise liée au transport.
La durabilité du roseau dépend en grande partie de son traitement. Sans protection, il peut être sensible aux attaques fongiques et aux insectes xylophages, mais des imprégnations à base de sels minéraux ou d’huiles naturelles prolongent sa durée de vie au-delà de 50 ans. Le roseau est un matériau renouvelable à cycle de croissance court (3 à 5 ans) et contribue à la dépollution des eaux en captant nutriments et métaux lourds. En fin de vie, il est entièrement recyclable ou compostable, sans émission de composés organiques volatils nocifs.
Sur le plan acoustique, sa structure tubulaire atténue significativement les bruits aériens et d’impact, avec une réduction de bruit de 25 à 35 dB selon l’épaisseur et la densité du panneau. Les variations dimensionnelles liées à l’hygrométrie restent limitées (± 2 % de déformation linéaire), facilitant la stabilité des ouvrages. Les applications typiques incluent l’isolation de toitures végétalisées, le remplissage de murs à ossature bois, et la conception de cloisons démontables.
sources : parc-vosges-nord, terraroseau, claytec