Situé dans une contr ée rurale, le projet de rénovation de la longère – souhaité en circuit court – requiert une présence physique sur le territoire. Consulter les entreprises et artisans disponibles, puis créer une relation de proximité avec les habitants et les élus nécessite une implication au long cours, à tel point que les architectes campent littéralement sur place, plusieurs mois. Ils dessinent une carte de la région, sur un rayon de 100 à 150 km, une cartographie née d’un défrichage et d’un maillage du potentiel à la fois matériel et humain.
Ce long travail de sourcing précède le projet architectural. Leurs recherches pour valoriser les savoir faire les poussent à l’innovation, dans une forme de rural hacking. L’artisan qui récolte à cheval des branches de châtaignier et fabrique des ganivelles horticoles est sollicité pour réaliser la vêture à claire-voie de la maison.
Remerciements
La filière chanvre et le machinisme agricole interviennent pour l’isolation des rampants et pour la projection de 15 cm d’isolant terre-chanvre sur les parois. La machine à projeter chaux-chanvre est d’ailleurs dotée de buses plus larges pour répondre à ce type de mélange. Le plancher intermédiaire entre les espaces nuits est réalisé avec 700 quenouilles, un mélange de bois vert, de terre locale (barbotine) et de foin d’agriculture.
Celles-ci sont mises en œuvre pendant une semaine par 15 bénévoles – la seule période durant laquelle le chantier s’est ouvert au public. Inspirée des colombages traditionnels des pays d’Auge, l’ossature de volume est en pin douglas, entouré de briques de réemploi, nettoyées sur place.\n\nL’ensemble du volume bois en R+1 repose sur des fondations sans béton ni ferraillage. Techniquement, c’est d’ailleurs l’un des points les plus sensibles et expérimentaux du projet : les architectes ont enfoncé dans le sol 12 pieux en robinier faux-acacia de 3 mètres de long et de 30 cm de diamètre.
Les grumes écorcées manuellement avec des planes ont été brûlées en surface pour devenir imputrescibles. Enfoncés à l’aide d’une tarière agricole qui fore le sol, les pieux ont été battus sur environ 2,50 mètres de profondeur. Leurs têtes ont enfin été rabotées au niveau voulu pour accueillir des fondations cyclopéennes constituées uniquement de chaux et de silex, permettant ainsi la réalisation d’un hérisson ventilé. Le robinier faux-acacia a été fourni par les Forestiers Associés, une petite scierie familiale qui gère également le bûcheronnage raisonné de forêts locales dans un rayon de moins de 30 km.
Rénovation 100% locale d'une maison au Costil avec des matériaux exclusivement issus du territoire du Pays d'Auge :
Briques de terre cuite de réemploi [0 km]
Fondations en pieux de bois d'acacia [40 km]
Ossature en bois douglas [30 km]
Isolation en laine de chanve et terre chanvre [50 km]
Isolation imputrescible en bouchons de liège de réemploi [30 km]
Quenouilles et enduits en terre crue [0 km]
Bardage en perches de châtaignier [120 km]
Revêtement de sol en pavès de bois de chêne de réemploi [220 km]
Rénovation réalisée par :
MOA : SCI Le Costil
MOE : Anatomies d'Architecture
Charpente bois : Depuis 1920
Maçonnerie traditionnelle : Scheck & Déco
Couverture : Grolleau
Isolation chanvre : Eco-Pertica
Scieur : Forestiers Associés
Mex : Planète Mat
(source: construction21.org)